lundi 7 janvier 2013

Intimidateur?


Fais-tu de l’intimidation?
Dr. Rémi Côté Ph.D., psychologue scolaire
Sur twitter @psyscolaire

Sans le savoir, tu fais peut-être de l’intimidation. Il peut parfois être pénible de se regarder dans le miroir de sa conscience et se poser cette question désagréable : « Est-ce que je suis violent envers les autres? » Il faut être très mature pour faire cet exercice d’autocritique et de poser un jugement sur ses propres actes. En fait, peu de jeunes y arrivent d’eux-mêmes et beaucoup me consultent pour cette raison.

« Faute avouée, à moitié pardonnée »
Ce vieux proverbe en dit long sur la nécessité de l’autocritique dans une société. Je souligne ici que je parle bien de l’autocritique positive, pas de l’apitoiement sur soi, de l’auto-sabotage ou d’un aveu d’impuissance qui mènerait plus à la dépression qu’à une réelle amélioration constructive de ses relations interpersonnelles et rapports à autrui. La démarche d’introspection permettra l’ouverture d’une première brèche vers l’autre. Et de cette ouverture, jaillira peut-être une lueur, une lumière qui pourra nous guider vers un plus grand respect de l’autre.
Mais que peut-on chercher dans l’intimidation? Dans mon langage de psychologue, je dirais que le jeune intimidateur cherche généralement  à stabiliser le contrôle de ses perceptions de compétence et d’estime de soi.
J’entends ces expressions de la part de victime d’intimidation, « il cherche à rabaisser l’autre, pour mieux se comparer », « il se compare à moi pour m’humilier », « il prend plaisir à me culpabiliser », « il me manipule pour que je me sente inférieur ». Le point commun de tous ces témoignages c’est le besoin de grandeur, de reconnaissance de supériorité, présente chez l’intimidateur.

Si tu dis « Quand on se compare on se console », la question est « De quoi as-tu besoin de te consoler? »

À la source de ce besoin de reconnaissance extrême de l’intimidateur, se cache souvent une blessure « narcissique », une insulte, un abus subi par l’intimidateur lui-même. À travers son geste de violence, on peut donc voir une forme de vengeance. Mais pour l’intimidateur qui a peu confiance en lui, cette vengeance est dirigée vers des victimes plus faibles, plus vulnérables. C’est pourquoi, il importe de dénoncer notre intimidateur, car celui-ci se nourrit de notre silence et de notre peur. Si l’on s’affirme et le confronte, il fera probablement demi-tour. Cependant, il faut rester prudent, car certains intimidateurs peuvent paniquer devant la confrontation.

Est-ce que tu te reconnais? As-tu une estime de soi si faible que tu ressens constamment le besoin de te comparer aux autres et de les rabaisser. Est-ce que tu adoptes une attitude blessante envers les autres? Espères-tu ainsi être plus heureux en rendant les autres malheureux?  Si tu as l’honnêteté de cette prise de conscience, tu as déjà fait la moitié du chemin, vers un meilleur équilibre et une meilleure santé mentale. Tu sais maintenant que tu dois agir pour  améliorer positivement et reconstruire ton estime de soi, à travers tes projets et tes propres réalisations.

Par où commencer?
Le premier pas à faire c’est souvent le plus important, dans son énergie, sa direction, sa candeur. Aussi à toi l’intimidateur sur le chemin du repentir, sans te connaître, je te donne mon conseil. Va d’abord vers l’autre, vers celui que tu as offensé et présente lui des excuses, franches et honnêtes. Ainsi, tu auras au moins entamé le processus de réparation.

Ensuite, pour bâtir ton propre estime de soi, dirige-toi vers l’engagement communautaire. Donne du temps dans une cause locale, pratique le bénévolat, par exemple. Vas-y dans un esprit de respect de l’autre, dans le but d’apporter et de construire. Tu pourras alors développer ton estime de soi, améliorer tes habiletés sociales, ressentir la satisfaction de mériter le respect de tes pairs, sans l’arracher par la violence.

Petit à petit tu trouveras le courage d’ÊTRE TOI-MÊME.


Référence :
Tu intimides? http://moijagis.com/tu-intimides/